Hier, j’ai hurlé sur mon « bébé » de 22 mois. « Mais tu es crevée, tu dois dormir. » Une vraie phrase que je lui ai littéralement beuglé à la figure. Si fort au point de m’en faire mal à la gorge. C’est sorti tout seul, tellement j’étais à bout nerveusement. Je n’ai pas été capable de me raisonner, de réguler cette émotion de rage qui m’a débordée.
Et puis j’ai fondu en larmes. J’ai pleuré toute ma culpabilité, toute ma honte de cette réaction brutale. Tout mon regret de ce geste tellement aux antipodes de ce que je souhaite incarner, comme maman, pour ma fille.
Parce que je sais pertinemment combien ce type de comportement est délétère pour la construction de son cerveau. Merci Céline Alvarez.
Parce que je connais les effets des hormones du stress sur son développement global. Merci Catherine Gueguen.
Parce que je voudrais tant être ce pilier dont elle a besoin pour s’appuyer et se construire. Je voudrais tant être ce porte-avion sur lequel elle pourrait venir se poser pour faire le plein d’amour et d’attention dans les moments difficiles. Merci Isabelle Filliozat.
Hier était un moment difficile et ma bienveillance a fait défaut.
Hier était un moment difficile et les grandes penseuses de l’éducation positive me pointaient de leurs doigts accusateurs.
Finalement, ce n’est pas si grave
Une fois toutes ces émotions retombées, j’ai retrouvé mes esprits. Je me suis posée et j’ai réfléchi.
Certes, hurler ainsi sur ma fille restera un comportement dont je ne suis pas fière, que je ne souhaite pas reproduire …
Mais la culpabilité est-elle vraiment nécessaire ? Nous, les parents, avons bien assez de soucis comme ça. Un moment déjà difficile en soi n’a pas besoin de se compliquer d’une nouvelle dose de regrets et de honte coupable.
Car nous, adultes, éprouvons également toutes sortes d’émotions plus ou moins fortes, plus ou moins violentes. Et, tout comme nos enfants, il nous arrive de mal les gérer, de se les prendre en pleine poire sans pouvoir réagir adéquatement. Et dans ces cas là, nous faisons comme nos petits : nous les exprimons sans filtre et parfois violemment, à la hauteur de leur puissance.
Viennent alors les comportements réparateurs. Bien sûr, juste après mon beuglement, j’ai serré fort ma fille dans mes bras. Bien sûr que j’ai posé des mots sur ce qu’il venait de se passer.
Notre monde n’est pas celui des bisounours. Les éclats émotionnels en feront toujours partie. Nos enfants y seront malheureusement confrontés régulièrement tout au long de leur vie. Car les émotions secouent tous les êtres humains et parfois, elles nous débordent.
Mais le temps ne s’arrête pas, le monde ne se fige pas dans la violence d’une émotion exprimée. Les réorganisations sont possibles. Les stratégies réparatrices existent. Elles font partie des apprentissages que doivent réaliser nos enfants.
Les neurosciences démontrent que l’enfant élague de nombreuses connexions cérébrales au cours de son développement. Or ce n’est pas la qualité ou l’intensité d’une connexion qui sera déterminante. Mais bien sa fréquence : une connexion peu utilisée finira par disparaître.
Bonne nouvelle pour ma culpabilité : ce hurlement stressant ne fera bientôt même plus partie des mauvais souvenirs de ma fille. Ce qui compte, c’est l’énorme proportion de tous les comportements bienveillants que j’ai chaque jour, chaque minute, envers elle. Et non pas ce (presque) unique écart !
De l’importance d’être avant tout bienveillant avec soi-même
Accompagner son enfant dans son développement nécessite une disponibilité psychique toute particulière. Mais également un grand niveau d’énergie.
Nous devons faire preuve d’amour, de douceur, de patience, d’écoute, d’empathie, d’attention, de présence, d’ajustement dans notre langage et nos attentes, d’encouragements … Mais nous devons également user de fermeté, d’autorité, de cadre et de règles. Nous avons à répondre aux besoins physiologiques et autres demandes, à stimuler quotidiennement, à rassurer et consoler. Nous jouons, nous racontons des histoires, nous chantons des comptines, nous allons à la piscine ou nous promener.
Si nous sommes nous-mêmes encombrés par tout un tas de tracas, stress professionnels et autres soucis frustrants du quotidien … Impossible pour nous d’investir authentiquement toutes ces qualités !
Ne nous délaissons pas à force de vouloir se dédier corps et âmes à une éducation bienveillante de nos enfants.
Car, avant tout, nos enfants ont besoin de parents authentiquement disponibles pour tisser des liens de qualité. C’est le terreau essentiel à leur construction !
Et si nous nous autorisions plus souvent des bulles d’oxygène « extra-parentales » pour pouvoir donner le meilleur de nous-mêmes à nos enfants ?
Merci pour ce témoignage… presque insuffisant pour arrêter de s’auto mutiler après avoir crié sur mon bébé devant son cousin du même age.. Il avait peur de son cousin et pleurait sans cesse, ça m’a mis hors de moi et j’ai hurlé son prénom, sa réaction ancrée dans ma tête, m’empêche de dormir……..
Être maman est difficile… je suis perdue et je m’en veux
Dites vous Sara, que ce n’est pas cette réaction négative (rare j’imagine) que votre enfant retiendra … mais toutes les autres positives !!!
ça me fait beaucoup de bien de lire ça même si je n’arrive pas à enlever ma culpabilité…J’aime plus que tout mon petit garçon de 15 mois mais oui ce matin j’ai hurlé, j’ai tapé des pieds sur place, j’ai perdu patience, je lui ai dis que j’en avais marre de ne pas dormir…15 mois que je ne dors jamais plus de 2h d’affilée…11 mois d’allaitement, de nuits entrecoupées solo car le papa est en déplacement minimum 2 nuits par semaine…alors je suis une mère aimante patiente 90% du temps…je ne le laisse jamais pleurer, je le caline, je me lève 6 fois par nuit sans broncher mais à 6h du matin je craque…je craque environ une fois par semaine…je tape dans mon oreiller, je hurle, je pleure…je me tape…et je n’arrive pas à enrayer ça…je vois une psy. Je m’excuse et j’explique à mon enfant mais j’ai peur, peur de le traumatiser, d’être une mère indigne, de créer de l’insécurité affective. Je suis désespérée…Catherine Gueguen m’a achevé en terme de culpabilité…est-ce que je détruis les cellules du cerveau de mon bébé?
Bonjour Mary,
Je m’appelle Marie également.
Je suis très touchée de vous lire … j’ai un petit garçon de 10 mois que j’eleve seul car le papa est en dépression et nous a quittés 2 jours après le retour de la maternité.
C’est difficile. Très difficile.
J’allaite encore… je ne l’aurais jamais cru.
Les 3 premiers mois ont été chaotiques… aujourd’hui il tète mieux la nuit que le jour, en cododo. Avec 6 réveils par nuit.
Il m’arrive de perdre patience, surtout quand je dois changer sa couche et qu’il ne veut pas rester en place plus de 30 secondes.
Alors j’ai crié, je l’ai remis en place un peu sèchement ( mais sans lui faire mal évidemment ), cet après-midi j’ai même tapé sur le matelas à côté tellement j’étais à bout.
Je lui ai demandé pardon et j’ai expliqué ma réaction mais ça ne suffit pas à me déculpabiliser totalement.
L’endormissement est le plus pénible au quotidien…
Je crois ,qu’après avoir essayé tant de choses, que mis à part m’armer de patience je n’y peux pas grand chose.
Travailler sur mon anxiété peut être, car il la ressent j’en suis convaincue.
Mais vu le contexte actuel cela ne va pas aller en s’améliorant ! …
Hormis le sommeil, c’est un bébé formidable et très souriant. Je l’aime tant. Je sais qu’il le sait, il le sent.
Je crois que nous devrions garder en tête que … nous faisons du mieux que nous pouvons avec l’energie que nous avons, nous donnons le meilleur.
Voilà ce qui est important.
Courage à vous.
Voici mon mail si vous souhaitez échanger davantage mlfloc@hotmail.fr
Bonjour, je suis une nouvelle maman mon fils a 15mois je suis une personne de nature très patiente mais depuis que mon fils a 12 mois je crie dessu pendant le changement de couches et quand c’est l’heure de la sieste je sais qu’il est fatigué mais je n’arrive pas a garder patience et en le bercent il me mord constamment l’epaule et je crie aussi après je le serre contre moi et m’excuse je pleure et je culpabilise tout le temps je m’en veux de réagir toujours nerveusement je me dit je suis une mauvaise maman que faire pour canalisée je ne vois presque personne je ne l’ai jamais fait garder et le papa travaille la nuit maint mais au début depuis sa naissance pas bcp d’aide il ne travaillais pas et malgré tout je gérait tout toute seule est-ce que je fait une dépression ou trop de charges mental. merci a vous si vous me répondez.
Bonsoir à toutes, Aujourd’hui j’ai crié sur mon bébé de 12 mois et comme vous Marie c’était lors du changement de couches. Le manque de sommeil est le plus dur, vraiment, je me sens épuisée moralement et physiquement. Mon mari n’est pas d’une grande aide et il perd patience avec lui rapidement ce qui me pousse à le prendre et le consoler. Maintenant Il dort et je n’arrête pas de lui demander pardon. J’ai peur de le refaire. J’ai toujours sa réaction dans la tête lorsque je l’ai remplacé sèchement sur la table à langer en lui criant »arrête ». Il va s’en souvenir ??
Ne culpabilisez pas, cela peut arriver. L’important dans ces cas-là sera d’expliquer et de rassurer votre bébé pour que l’expérience vécue soit ce qu’elle est : une expérience émotionnelle et non un traumatisme 😉
Bonsoir Carole, ayant moi aussi crié sur ma fille ce soir (bébé de 7 mois, 7 mois sans vrai sommeil donc, fatigué accumulée… Bref le package habituel d’après toutes les lectures de ce soir…) , je culpabilise également et appréhende le traumatisme. Mais quand je vous lis, je me demande quelle différence vous faire entre expérience émotionnelle et traumatisme ?
Merci encore,
Elodie
Merci ! Ça m’a fait du bien de vous lire. Je viens aussi de crier sur ma petite fille d’un an parce que voilà presque autant de temps qu’elle lutte sans arrêt contre le sommeil jour et nuit!!! Ça me déchire le coeur d’avoir fait ça ! J’ai vu la peur pour la première fois dans ses yeux, c’est horrible !
Merci aussi de déconstruire un peu l’idée que quand on devient Maman, on doit être un être presque sur humain et parvenir à faire abstraction de tous ses propres sentiments négatifs.
Merci! 🙏
Bonjour à toutes,
Il est vital que vous trouviez du soutien autour de vous : famille, amis, professionnels (la PMI est d’une grande aide psychologique).
Pour ma part, c’est le premier mois et demi qui a été difficile et j’ai crié sur mon bébé plusieurs fois, toujours à cause de la fatigue, comme vous toutes. J’ai demandé de l’aide à ma mère qui est venu à la rescousse pour me soulager et que je dorme un peu. J’allaite également.
Mon bébé a 2,5 mois maintenant et je lui répète sans cesse que je suis désolée pour ces 2 ou 3 fois où j’ai craqué. C’est un amour, il est adorable, souriant, très éveillé alors ça me fait oublier la fatigue et j’ai réussi à trouver notre rythme. Il ne fait toujours pas ses nuits mais tant pis, je fais avec. Je vous souhaite bon courage à toutes.